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SCÉNOGRAPHIE D'ESPACE - VILLA ROTHSCHILD ❀

LA VILLA ROTHSHILD
RÉINVENTER DEUX ESPACES

LA DEMANDE : Choisir deux espaces ( intérieur et extérieur), les analyser en faisant ressortir les émotions propres à cette scénographie de l'espace. Apporter une touche personnelle, en proposant des modifications pour améliorer la création d'émotions dans ceux-ci.
LA CHAMBRE BLEUE
ANALYSE

Beatrice Rothschild avance d’un pas léger dans la vaste chambre bleue décorée de boiseries pompéiennes datant de la fin du XVIIIème siècle. Elle regarde par une des trois fenêtres qui donnent sur la mer méditerranée et respire l’air marin. Il n’y a pas un nuage à l’horizon ni de bruits autour d’elle. Elle s’avance jusqu’au grand lit, s’allonge sur les draps bleus et ferme les yeux…

Être songeur et rêveur, calme, serein ou encore apaisé et sensible… C’est ce que l’on ressent en pénétrant dans la grande chambre bleue.

Les couleurs dominantes de la chambre sont le bleu et le blanc, deux couleurs froides qui ont des propriétés calmes et apaisantes. Quand on pense à la couleur bleue, on l’associe à la mer, l’eau et au ciel. La chambre bleue a une scénographie aérienne, vaporeuse et silencieuse. L’intérieur est aéré par de grandes fenêtres et du mobilier très espacé. La chambre est notamment placée en hauteur dans la villa ce qui lui permet d’avoir une vue imprenable sur la mer. On respire par les fenêtres, on s’oxygène. Le bleu fait référence à l’infini et les horizons : on voit le ciel et la mer à perte de vue. C’est synonyme de découverte, de voyage. Béatrice avait le goût du voyage ; ainsi quand le visiteur regarde par les fenêtres et qu’il voit la mer, il rêvasse et s’émerveille comme le faisait sans doute Béatrice. Le bleu symbolise les profondeurs de la mer, la profondeur des émotions. Il représente nos secrets qui sont enfouis au fond de nous.

Dans l’Egypte antique, le bleu lapis-lazuli était la pierre d’équilibre, d’apaisement et de régulation. On retrouve ces propriétés dans l’espace choisi. L’intérieur est calme, paisible et rafraichissant. Enfin, le bleu exprime la tristesse et la mélancolie. Le blanc, quant à lui, représente l’innocence, la virginité et la pureté.

Le grand lit créer une atmosphère reposante et calme. On a envie de s’allonger dedans pour se reposer et rêvasser. Le mobilier est à moitié français et à moitié italien avec notamment les chaises bleues à pieds pyramidaux qui semblent « moelleuse ». On a envie de s’asseoir et de s’enfoncer dedans, comme lorsque l’on va dans la mer. Les miroirs sont là pour agrandir l’espace.

Le plafond est blanc et en son centre, il y a un lustre décoré de fleurs fabriquées à la manufacture de Meissen du XVIIIe siècle et électrifié au début du XXe siècle. Ces fleurs sont colorées et contrastent avec le blanc. Celles-ci font penser à l’Art Nouveau.
Quand le bleu évoque la mélancolie, les fleurs évoquent la fragilité. Une fleur est éphémère, elle perd ses pétales. Elle fait écho à la vie. C’est aussi très féminin. Les fleurs sont présentes sur les tapisseries.

La guide nous a fait remarquer qu’il y avait des œillets. Il se trouve que c’était la fleur emblématique de Nice et la ville était le premier producteur.  C’est intéressant parce que l’œillet a une symbolique forte. C’est « la fleur de l’amour » ou « la fleur des Dieux ». Elle est associée à la poésie et au romantisme. L’amour est donc présent. J’imagine, Béatrice allant regarder par la fenêtre et s’allongeant, comme si elle attendait son marin arrivé. Cette-dernière a fait installer au centre du lustre un oiseau en porcelaine. La porcelaine rappelle ce côté fragile tout comme le miroir. Et l’oiseau est synonyme de voyage, d’imaginaire.

La soie est utilisée pour les rideaux et le lit. C’est un symbole de richesse et de luxe. La soie a un caractère « léger ». Ça renforce l’idée d’une atmosphère apaisante et calme.
REINVENTER L'ESPACE
La chambre bleue devient "la chambre des rêveries"

Tout d’abord, je pense qu’il est intéressant de suspendre au plafond blanc, de la soie blanche. Ces morceaux de draps seront accrochés de façon « chiffonné », « aléatoire ». Ça rappellera l’écume blanche de la mer.  Ces bouts de draps seront mis en mouvement quand le vent pénètrera par la fenêtre, créant du mouvement comme le mouvement des vagues ou du sable. Par ce dispositif, le visiteur est directement plongé dans l’univers marin : une atmosphère calme et apaisante. Allongé sur le lit, c’est comme s’il regardait la mer.

Cette installation représente à la fois la mer mais aussi le ciel. Le plafond de la chambre n’est plus visible et la soie fait penser aux nuages. On note un écho aux divin : qu’est-ce qu’il y a au-dessus des nuages ? les dieux dans le ciel. Les nuages représentent la légèreté. Ce dispositif a donc un caractère aérien et vaporeux. De surcroit, ça invite le visiteur à la rêverie.
❀​​​​​​​ Référence : L’opéra de Sydney de John Utzon ; Fondation Louis Vuiton
De plus, on pourrait rajouter face au lit un large miroir de sorte à créer un effet de profondeur, qui rappellerai « l’infini du ciel et de la mer ». Dans le miroir se reflèterait les fenêtres avec la vue sur la mer et le ciel. Ainsi, sur le lit, le visiteur aurait l’impression d’être sur un bateau.
Enfin, je pense qu’il serait intéressant de modifier le sol : le rendre blanc (écho au sable et aux draps au plafond) car le marron permet de rester terre à terre. Et d’orienter le lit dans l’autre sens et le placer sur le mur en face, de sorte à ce que, du lit, on puisse voir à travers les fenêtres la mer.​​​​​​​
LE JARDIN LAPIDAIRE
ANALYSE

J’ai décidé de m’intéresser au jardin lapidaire qui dégage des sensations opposées à la chambre bleue. Dès que je suis entrée dans le jardin j’ai immédiatement ressenti un sentiment étrange, dérangeant, triste et désagréable. Je me suis fait la réflexion d’avoir l’impression de pénétrer dans un cimetière. Le contraste état d’autant plus grand, que le jardin précédant, jardin espagnol, dégage chaleur, amour et bonheur.

Le jardin lapidaire est un jardin en l’honneur des pierres. La pierre a une symbolique forte. Elle est caractérisée par sa froideur, sa lourdeur, sa solidité et sa résistance. En Grèce, les pierres étaient notamment vénérées par leur valeur sacrée et étaient considéré comme le symbole de Dieu. Contrairement aux plantes, elle est intemporelle et non vivante. La pierre est utilisée dans les cimetières pour les pierres tombales. Elle a un certain rapport à la mort. D’où le rapprochement qu’on peut faire entre le jardin et le cimetière.


Le visiteur pénètre dans le jardin lapidaire en passant à côté d’une gargouille. Pour rappel, les gargouilles sont des blocs de pierres taillés en forme d’animaux fantastiques, de monstres effrayants et de créatures étranges. Elles engendrent un malaise, de la peur et sont dérangeantes. À l’entrée du jardin, la gargouille est probablement un chien, les pâtes sur le cœur, la gueule ouverte, qui semble hurler. Dans l’histoire, les gargouilles hurlaient à l’approche du Mal. On peut imaginer que le chien hurle car le Mal arrive et veut entrer dans le jardin. Est-ce que le Mal serait un humain ? Le visiteur ? Nous ? Ensuite, la gargouille est connue pour être la gardienne d’un lieu sacré. Elles protégeraient les dieux. Le jardin est ainsi vu comme un lieu sacré protégé par ce chien. C’est comme si le chien dissuadait le visiteur de rentrer. Le visiteur appréhende l’entrée dans le jardin.

L’ambiance dégagée est pesante, lourde, oppressante et désagréable. On a presque la chair de poule. Le jardin donne une sensation de froideur par l’absence de lumière. En effet, il a une ambiance de sous-bois, à l’ombre. De plus, les gargouilles sont le symbole de l’obscurité, de la vie nocturne et des démons. Le sentiment de l’inconfort, de la terreur et de la peur sont présents.

On a aussi une impression d’enfermement car le jardin, de forme quadrilatère, forme un enclos avec de grandes plantes. Ce qui ressort en l’observant c’est le côté « fouillis » et le désordre des plantes. L’atmosphère est écrasant et oppressant. On a l’impression que le jardin n’est pas entretenu, qu’il est à l’abandon et qu’il a vécu. On peut faire un rapprochement avec le travail du paysagiste Piet Oudolf qui travaille principalement avec des plantes vivaces. Il utilise des espèces de plantes qui forment des touffes à longue durée de vie. On retrouve le côté « fouillis » et non structuré dans ses jardins.

Le jardin lapidaire ne semble donc pas structuré. Il a un aspect de négligence, de dépotoir. Cela s’explique par son origine. En fait, après la mort de Béatrice Ephrussi-Rothschild, l’Institut des Beaux-arts a regroupé dans le jardin les œuvres dont elle n’avait pas trouvé la place à l’intérieur : des fontaines, des arceaux, des bas-reliefs du Moyen Âge et de la Renaissance, des chapiteaux, des gargouilles grotesques ou des gnomes provençaux. Le jardin est vu comme une sorte d’immense tombe où sont entreposé les objets qui n’ont trouvé leurs places ailleurs.

Enfin, le jardin est composé de plantes vertes, d’arbres centenaires, de camphriers, de canneliers, de plantes de sous-bois à terre de bruyère et de lauriers. Il y a aussi des fleurs roses comme des camélias sasanqua, des azalées, des hortensias, qui, elles, sont les fleurs de la beauté, de la grâce, de l’amour. Contrairement aux pierres sans vie, les fleurs sont éphémères, fanent et fleuries. Le jardin lapidaire évoque la vie et la mort. Je trouve que ces fleurs viennent s’opposer à l’ambiance froide du lieu. Est-ce qu’elles symbolisent un amour perdu ? La tristesse envahit aussi l’espace, émotion présente dans un cimetière.
RÉINVENTER L'ESPACE
Le jardin lapidaire devient "Le jardin obscur" ou "Le jardin d'autre monde"

Pour améliorer la création de sensations comme la peur, le malaise ou la froideur, et renforcer cette métaphore du cimetière, je pense qu’il est intéressant de créer un portillon à l’entrée du jardin, à côté de la gargouille. Ce serait un portail en fer forgé, noir, avec des motifs floraux, qui rappelleraient le style architectural de la Villa. Ce portail grincerait en le poussant et aurait une certaine hauteur, pour créer une impression d’intimidation, et dissuader le visiteur de rentrer dans ce jardin.

L’installation de lanternes en fer forgé noir suspendus apporteraient de la lumière au jardin qui est dans l’obscurité, surtout si on fait des plantations en « tunnel ». Cela créera une ambiance mystérieuse et guiderait le visiteur dans le jardin désordonné. C’est une métaphore à la lumière divine et la mort.

Enfin, dans le jardin, on pourrait installer une statue issue du parc Victor’s Way de l’artiste Victor Langheld. Elles ont une symbolique spirituelle. Pour lui, les sculptures qui se veulent repoussantes et effrayantes invitent le spectateur à réfléchir sur sa vie et son objectif dans l’existence.
❄ 2020 ❄
Naïs Janvier
SCÉNOGRAPHIE D'ESPACE - VILLA ROTHSCHILD ❀
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