« Quand elle est morte, tu comprends pas, ça m’a détruit. C’est tellement sorti de nulle part. Y’avait rien qui aurait pu nous préparer. Foutue voiture de marde. Pis de voir son petit corps à l’hôpital, tellement petit dans le grand lit avec des tubes qui lui sortaient de partout. Ça aurait été trop pour n’importe quel père.
C’était ma faute. Elle voulait jouer avec moi, pis j’y ai dis non. J’étais trop occupé. J’y ai dit d’aller jouer chez le voisin. Elle avait pas le droit de traverser la rue toute seule, il fallait un adulte, mais j’avais du travail alors j’y ai dit d’y aller. Je l’ai jamais dit à ma femme. Elle pense encore que Soph est partie pendant que j’avais le dos tourné. »
Comment un père peut-il se remettre d’avoir causé la mort de sa fille? Les remords, incessants, le tourmentent jusqu’à la fin de ses jours. Impossible, d’aller de l’avant : l’image du visage souriant de sa fille le garde à jamais coincé dans un passé inatteignable. Le moment rejoue en boucle dans sa tête : sa fille qui veut lui parler, la voiture qui démarre; son rejet, et au même moment, la voiture qui avance inexorablement vers sa destination; sa fille qui sort et la voiture qui poursuit son chemin, telle la main implacable du destin, jusqu’à ce que BAM. Collision.
La culpabilité prend le contrôle et le scénario repasse à l’infini dans son esprit comme une boucle infernale.
C’est ce que tente d’illustrer cette vidéo. À travers les va-et-vient entre sa fille et la voiture, on ressent l'impuissance de celui qui sait qu'un terrible avenir s'apprête à prend place mais ne peut rien faire, rien d'autre que regarder et rager sur sa propre incapacité à intervenir. Avoir filmé avec des personnes à la place d’animer la scène permet de rendre le message plus tangible et concret.
