La Nuit des Temps (music & sound design & montage)
 
“Trop tard… trop tard… “
C’est cela que je me redis sans cesse, depuis ce jour, depuis cette heure

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil. Et tout ce décor qui m’a vu grandir, pousser, devenir moi, me paraît aujourd’hui étranger, impossible. Ce monde qui n’est pas le tien est devenu un monde faux, dans lequel ma place n’a jamais existé.

Je suis arrivé hier soir par le jet australien. A l’aérogare de Paris-Nord, une meute de journalistes m’attendaient, avec leurs micros, leurs caméras, leurs questions innombrables. Que pouvais-je répondre ?

Ils te connaissaient tous, ils avaient tous vu sur leurs écrans la couleur de tes yeux, l’incroyable distance de ton regard, les formes bouleversantes de ton visage et de ton corps. Même ceux qui ne t’avaient vue qu’une fois n’avaient pu t’oublier. Je les sentais, derrière les réflexes de leur curiosité professionnelle, secrètement émus, déchirés, blessés... Mais peut-être était-ce ma propre peine que je projetais sur leurs visages, ma propre blessure qui saignait quand ils prononçaient ton nom...

E l é a
J’étais debout sur le plancher d’or, dans la pièce ronde et vide. Une poussière légère étirait ses voiles le long du mur d’or circulaire creusé de milliers d’alvéoles qui semblaient faits pour contenir quelque chose et ne contenaient rien.
Les autres descendaient, regardaient, et se taisaient. La poussière presque invisible estompait le faisceau des lampes frontales, et ourlait d’une auréole nos silhouettes masquées.
Puis vinrent les deux électriciens avec leurs projecteurs à batteries. La grande clarté transforma la pièce en ce qu’elle était : simplement une pièce vide. En face de moi, une portion du mur était lisse, sans alvéoles. Elle avait une forme trapézoïdale, un peu plus large en haut qu’en bas, avec un léger étranglement à mi-hauteur. Je pensai que ce pouvait être une porte, et je m’avançai vers elle.

C’est ainsi que je fis mes premiers pas vers Toi.
Je suis entré, et je t’ai vue.
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La Nuit des Temps
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La Nuit des Temps

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